L’urgence : absorber le choc migratoire

Voir article précédent : Le cap à donner !

3ème partie: Adopter un plan humanitaire ambitieux !

1- la passoire, c’est fini

la route des balkans
La route des Balkans est fermée et heureusement

 Comme tout Etat indépendant, l’UE doit contrôler ses frontières et mettre en place une force douanière et migratoire. Laisser faire le transit via les Balkans était une erreur monumentale.

Elle s’appuiera d’abord sur les Etats en première ligne (Grèce, Italie) qu’elle financera pour l’essentiel afin de mener une vraie mission de garde-frontière ; ces deux pays en l’occurrence ont la connaissance du terrain et c’est à l’UE de payer largement ces couts que ni la Grèce, ni l’Italie ne peuvent d’ailleurs pas supporter. Après tout, les Etats de l’UE ont tous fait des économies avec les accords Schengen : ces nouveaux coûts à payer ne sont en fait qu’un juste retour à la normale après des années de laxisme.

C’est aussi l’occasion de donner de l’emploi dans ces deux pays en crise  avec un contexte d’aide humanitaire valorisant pour les jeunes européens : ce ne sont pas des petits boulots d’aide sociale qu’il faut offrir, mais des expériences humaines et formatrices qu’il faut valoriser; il faut donner un souffle à la politique.

Plutôt que de déverser des sommes astronomiques via les Q1, Q2, l’UE investit dans des actions concrètes, de vrais salaires, un vrai travail, de vraies perspectives. Les couts de ces emplois humanitaires doivent être financés par l’UE qui cherche désespérément un moyen de relance économique (coût : 2 milliards par an).

Mais attention, ces 2 pays n’ont pas vocation à devenir les parkings de la misère aux portes de l’UE : ce ne sont pas les sous-traitants de pays ayant fermé leurs yeux et leurs frontières : ce serait trop simple de laisser la misère s’installer en Grèce ou en Italie comme semblent vouloir le faire l’Autriche ou la Slovénie !

arrivals migrants 2015

2- L’UE a les moyens humains pour faire face

 L’UE renforcera ces forces douanières et migratoires, par des milliers d’européens diplômés ou non, encore au chômage et localisés dans les autres Etats membres ; l’aide humanitaire bénévole rémunérée et officialisée en quelque sorte. Il ne s’agit pas d’armées à envoyer, ni de police à former, mais surtout de médecins, d’aides-soignants, de gestionnaires, de professeurs, de psychologues, de fonctionnaires-chômeurs-qui-ne-disent-pas-leurs-noms, de religieux aussi ou de chômeurs célibataires de longue durée par exemple.

Ces européens sont avant tout des encadrants, mis à la disposition de ces 2 Etats que sont l’Italie et la Grèce pour les aider dans leur mission de gardes-frontières : ces pays pourront ainsi piloter de façon plus efficace l’ensemble de la force d’accueil et de contrôle des migrants.

Il en est de même pour la mer Egée : les Etats européens peuvent mettre à la disposition des gardes-frontières grecs et italiens une flotte de sauvetage et de destruction des passeurs. De nombreux pays ont les moyens logistiques pour le faire, à commencer par le Royaume Uni, la France, et les pays nordiques (Cout : 2 milliards par an).

3- De nouvelles « Ellis Island » doivent être créées

L’UE doit canaliser les migrants plutôt que de les faire partir d’un pays à l’autre de façon absurde ; elle doit le faire pour contrôler ceux qui cherchent refuge, mais aussi pour pouvoir expulser ceux qui doivent l’être comme ce fut le cas à Ellis Island (1).

Les USA ont accueilli 12 millions d’émigrants pendant plus de 50 ans et jusqu’à 1 million en 1907 sur une seule ile : Ellis Island; et … expulsé environ 2% des arrivants. Les migrants ne passaient que quelques heures sur l’ile. Ce que les USA ont fait avec les moyens de l’époque, l’Europe peut le faire plus vite et mieux avec un vrai souffle politique :

– Nous avons des milliers de jeunes, formés et disponibles, à remettre au travail, partout en Europe.
– L’ile de Lampedusa peut jouer ce rôle d’Ellis Island pour les migrants d’Afrique ; celles de Chios, Samos, Lesbos ou Rhodes pour les autres pays d’émigration !
– Il faudra créer en plus au moins 10 centres terrestres de regroupement dignes de ce nom en Italie, en Grèce et en France. Ces 10 « Ellis Island » sont destinés à durer mais leur rôle est seulement de centraliser puis d’éclater le flot des migrants vers des centres d’hébergement européens.

Le financement et les modalités seront les mêmes que pour la force douanière (voir ci-dessus). Le cout de cette mesure est faible : 1 milliard par an.

Ellis-Island

(1) Ellis Island, pour l’avoir visité, n’est pas un endroit si impressionnant que cela : située juste à coté de Liberty Island là où se dresse la statue du même nom, l’ile est toute petite (à peine 11 hectares), dotée d’un petit port permettant d’accueillir quelques bateaux de faible tonnage, et d’un très grand bâtiment bien organisé (A droite sur la photo). Les flux de migrants étaient visiblement réalisé à la chaine : identifications, contrôles sanitaires, chirurgie, enregistrements douaniers, cuisines, dortoirs, etc. ; le record fut atteint le 17 Avril 1907 avec 11 000 migrants. 

ellis isalnd

Le contraste entre les malheurs des uns (les arrivants) et l’efficacité des autres (les américains) est saisissant : même dans les conditions de promiscuité de l’époque, les migrants étaient accueillis d’une façon plus décente qu’à Calais. Qu’on ne nous dise plus que ces 5 000 migrants de Calais constituent une « Jungle de Calais »  incontrôlable … ! La honte est sur la France !

ellis island 2

4- L’UE doit financer les pays hors UE

Les pays qui aideront l’UE à gérer cette crise migratoire incroyable (Turquie, Liban, Jordanie en premier lieu) seront financés, à l’instar de ce qui sera fait entre pays de l’UE gardant les frontières de l’UE. Ces pays subissent l’essentiel de la crise migratoire : déjà plus 2,5 millions de migrants en Turquie, plus de 1,2 million au Liban, 300 000 en Jordanie, etc.

La forme de ce financement doit être un don pur et simple (coût : 5 milliards par an).

En effet, ces pays constituent le premier rempart de l’UE mais aussi la première source potentielle de chantage politique ultérieure. On voit très bien comment la Turquie gère ce dossier en menaçant l’UE d’ouvrir grandes ses frontières ; et elle a raison sur ce point : c’est bien à L’UE de financer les conséquence de l’effet d’attraction que cette UE exerce vis à vis de ces populations de migrants ; c’est la rançon de la « success story » sécuritaire et économique des ces 40 dernières années.

Plus cyniquement, financer ces pays-remparts est aussi un bon calcul économique façon Autrichienne : plutôt que d’affaiblir ces pays-remparts, renforçons-les : ils deviendront ainsi nos clients et fournisseurs de demain et nous ne leur devrons rien en échange puisqu’ils auront reçu des dons pour ce travail.

5- Le contrôle des flux migratoires doit se faire informatiquement

Le contrôle se fait dès l’entrée des migrants dans l’UE, et dans les premiers pays concernés la Grèce et l’Italie principalement : les logiciels existent et sont connectables ; un enregistrement systématique et informatisé peut se faire selon des règles communes dans ces centres de type « Ellis Island ». (Coût : 1 milliard par an)

Les migrants seront dès que possible transférés, avec leurs données informatiques, dans les Etats selon des quotas mis en place et gérés sur place, sous leurs responsabilités. Ils ne voyagent pas dans l’UE par leurs propres moyens : l’UE se charge du transport vers les centres d’hébergements; on n’encourage plus les passeurs en laissant les familles partir à l’aventure; on s’occupe de ces milliers d’enfants livrés à eux-mêmes.

6- Fière de ses valeurs humanistes, l’UE devra accueillir plus de quotas, beaucoup plus

Il est absurde de faire signer un papier à un migrant entrant en Grèce et de lui demander de quitter le territoire grec dans les 7 jours : pour aller où et comment ?

Une fois contrôlée dans un des « Ellis Islands », il vaut mieux stabiliser une population émigrée dans des centres d ‘hébergement désignés plutôt que de la voir se disperser sur tous les territoires avec les aléas que l’on connaît et des situations ridicules, voire dangereuses, telles que la « Jungle de Calais », indigne de la France.

Il faut des centres d’hébergement désignés dans l’UE. Cela doit se faire au prorata des PIB et des populations respectives ; bien sûr, le Royaume Uni doit y participer ; et l’Autriche aussi !

Chaque Etat membre de l’UE devra utiliser ses propres centres d’accueil temporaires et/ou réquisitionner des centres de vacances : il y en a des milliers en Europe ; pensez aux centres de vacances du Comité d’Entreprise de l’EDF/GDF par exemple : plus de 200 centres de vacances profitant chaque année à plus de 400 000 personnes; ces centres sont financés par le 1% prélevé sur les factures de chaque français, tous les ans.

Le CCE de l’EDF/GDF pourrait faire un effort pendant 2 ou 3 ans et appliquer pour une fois ses vieux principes de générosité !

Faute de quoi, il faudra en construire de nouveaux : les containers-habitations ne sont que des solutions palliatives de très court terme. Il faut se projeter dans la durée de cette crise !

L’hébergement doit être simple mais disposer de l’assistance indispensable : la main d’œuvre est disponible (voir le point ci-dessus sur les moyens humains) : l’Europe compte des millions de personnes au chômage susceptibles de retrouver un emploi dans des conditions de respect.

A raison de 1 200 personnes par centre d’hébergement, c’est déjà plus de 1 000 centres qu’il faudrait trouver en urgence… S’il faut compter une trentaine de personnes pour assurer la sécurité et l’assistance dans chaque centre d’hébergement (et ce n’est pas beaucoup), cela représente déjà 30 000 personnes de l’UE au bas mot dont il faudra supporter les charges (environ, 60 000€/an x 30 000 personnes = 2 milliards), sans compter les couts d’entretien ou de remise en état.

Le coût d’hébergement sera supporté par chaque Etat qui accumulera ainsi une créance vis à vis des tiers de l’UE d’où proviennent ces migrants.

migrants UE

7- L’absorption du choc migratoire a un coût exorbitant pour chaque pays de l’UE

Cela coutera cher, très cher à l’UE même si les couts doivent être rapprochés du pourcentage de PIB qui en découlera : oui, l’immigration peut aussi rapporter.

Le cout d’un migrant est difficile à évaluer : en France, 35 euros/jour pour les besoins quotidiens, ce à quoi viennent s’ajouter des allocations de 91 à 718€ par mois et des prestations sociales. Selon la Commission du Sénat, ce serait plus de 500 millions par an pour 40 000 réfugiés, soit 12 500€/an et par réfugié ; selon la Cour des Comptes, ce serait plutôt 2 milliards par an pour 66 000 réfugiés, soit plus de 30 000€ par an et par réfugié. En Allemagne le coût moyen est estimé à 12 000€ par an et par migrant… cherchez l’erreur.

Les couts estimés (12 000€/an pour les migrants économiques et 30 000€/an pour les réfugiés) donnent une masse moyenne de plus de 20 000€/an/migrant x 1,2 millions de migrants sur une base 2015, soit une tendance dans les dépenses > 24 milliards/an pour l’ensemble de l’UE en ce moment.

Comme dit précédemment, ce coût devra être calculé au fur et à mesure des dépenses de chaque Etat : il devra être avant tout considéré comme une dette des Etats dont sont issus les migrants, vis à vis de l’UE.

Le remboursement de cette dette se fera par accord entre l’UE et chacun des Etats concerné selon « une clause de retour à meilleure fortune » lorsque le moment viendra car l’UE ne devra pas se contenter d’accueillir mais devra aussi proposer un projet de long terme à ces pays en perdition : ce sera de nouveaux moyens financiers à mettre en place.

On voit qu’au total, il s’agit d’une opération se montant à environ 13 milliards par an pour le simple contrôle des frontières et l’accueil d’urgence en UE ou hors d’UE; ce à quoi il faut ajouter au moins 24 milliards par an pour l’entretien des migrants sur le sol de l’UE.

Pour donner une échelle de grandeur, quelques chiffres sur 2015 :
– Le PIB des 28 pays de l’UE: 14 000 milliards d’euros
– Le budget annuel de l’UE : 145 milliards d’euros
– Les frais de fonctionnement de l’UE : 9,5 milliards d’euros

Ces 37 milliards par an représentent donc l’équivalent d’une somme de 70€ par habitant de l’UE et par an… Le prix d’un petit restaurant à deux, si on arrondi la somme à 40 milliards…

L’UE a donc les moyens de payer car ces chiffres sont à rapprocher de ce qu’écrit la Commission Européenne avec un certain ton d’auto satisfecit extrêmement déplacé : « entre 2011 et 2013, 174 millions d’euros provenant du budget de l’UE ont été alloués à l’éducation et à la protection des enfants en Syrie, en réaction à la crise qui sévit dans ce pays. En 2014, une enveloppe supplémentaire de 128 millions d’euros a été octroyée pour la Syrie et les pays voisins ». Sidérant de constater l’énormité de propos sans clairvoyance et sans aucun sens stratégique pour l’UE ! Sources : Commission européenne -http://www.europedirectplr.fr/wp content/uploads/budget_UE_2015.pdf

En conclusion, le choc migratoire coutera dans un 1er temps 40 milliards par an. C’est une dette à recouvrer le moment venu vis à vis des pays d’immigration. De plus, il faudra investir plus tard dans ces pays pour recouvrer notre dette et engranger les profits de nos actions humanitaires : prévoir 100, 200 milliards €/an  de nouvelles dépenses ? En vérité, nos intérêts européens bien compris passent surtout par un enrichissement de ces pays. Puis, du nôtre, en créant un cycle économique vertueux

Notre modèle de développement est ainsi fait : nous avons aboli les frontières commerciales pour notre plus grand bénéfice ; nous devons maintenant nous protéger en créant de nouvelles richesses autour de nous.

Lire la suite de l’article : l’accueil des immigrés dans l’UE est une absurdité économique (3ème partie)

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