Le « joyeux noël 2021 » d’un déconstruit qui s’ignore.

Le couple Macron. #Yvesgautrey

Au fil du mandat macronien, les traditionnels vœux de Noël du président se sont progressivement affadis, voire ont quasiment disparu.

La soumission de l’élite est bien en marche.

Noël 2017 : « Nous souhaitons un joyeux Noël et de belles fêtes de fin d’année à tous nos concitoyens. Brigitte et Emmanuel Macron ». Tweet envoyé le 24 décembre 2017 à 18 h 30. Tout avait bien commencé. Le réveillon 2017 allait débuter. Pour son premier Noël à l’Élysée, Emmanuel Macron s’était fendu d’un tweet accompagné d’une belle photo prise dans le hall de l’Élysée. Le chien Némo est debout, sautant joyeusement sur Brigitte et Emmanuel : le toutou est manifestement heureux de ce moment d’affection. Brigitte rigole sincèrement. Quant à Emmanuel, il faut zoomer sur la photo de famille pour voir qu’il a le regard crispé des gens qui n’apprécient pas vraiment les animaux : trop exubérants, ça met des poils partout sur le costard et puis ça se lèche les parties intimes pour mieux vous léchouiller ensuite. Mais on sait que le sacrifice à la tradition de Noël est le lot de tous les présidents : une vieille coutume chrétienne et française.

Noël 2018 : « Brigitte se joint à moi pour souhaiter un joyeux Noël à chacun d’entre vous. » Tweet envoyé le 25 décembre 2018 à 11 h 41. Le tweet a trop tardé et le réveillon est terminé. C’est le jour de Noël. Les huîtres sont déjà sur la table de la cuisine, le champagne est au frais, papy et mamy sont arrivés et les enfants discutent entre eux : tout le monde a oublié Macron. L’an dernier, à la veille de Noël, ils avaient attendu le fameux tweet que tout fidèle macroniste se réjouit de recevoir au bon moment : celui où l’on pense sérieusement à l’apéro du réveillon. Les vœux de 2018 seront donc tristes : le chien a disparu de la photo ; Brigitte aussi. D’ailleurs, il n’y a plus de photo. Le photographe était-il en vacances ? Le chien a-t-il été puni d’avoir trop pissé sur la moquette de l’Élysée ? Brigitte serait-elle souffrante ? On se perd en conjectures… Et surtout, pourquoi faire un tweet aussi sibyllin le jour de Noël ? Était-ce la crise des Gilets jaunes qui le perturbait ainsi ? Emmanuel Macron se sentait-il si mal-aimé par « son peuple » ? Avec ce tweet sommaire — à peine poli et très tardif — nous ferait-il sentir son désappointement ? Bouderait-il un peu, beaucoup, ou énormément ?

Noël 2019 : « Allo Emmanuel… tu boudes encore ? » Les fans ont attendu : mais rien du tout, ni le 24 au soir ni le 25 décembre. Aucun tweet, pas même le traditionnel message progressiste : « Bonnes fêtes à tout’ et t-à tous ». On n’aura droit à rien et puis c’est tout ! Contacté par CheckNews à propos de cet « oubli », l’Élysée n’a pas répondu aux questions du journal Libération, mais a fait savoir à leurs confrères du Parisien que « le chef de l’État aura une expression globale pour les fêtes de fin d’année lors de ses vœux du 31 décembre ». L’esprit complexe n’aura pas accompli le miracle de Noël. Est-ce un oubli dû à la crise du covid-19 qu’il vient d’apprendre ? A-t-il eu peur de commettre une nouvelle macronitude ? Boude-t-il encore, non plus à cause des Gilets jaunes, mais de l’enlisement incroyable de la réforme des retraites qui lui gâche tous ses week-ends ? Y aurait-il dans cet acte manqué une sorte d’attitude revancharde bien macronienne ?

On vient de comprendre l’hypocrisie : il s’agissait là d’un nouveau gage de complaisance donné aux communautés religieuses non chrétiennes, une surprenante volonté de discrétion laïque façon communiste des années cinquante ; comme une forme de « petit mépris de classe » envers les chrétiens. L’immense majorité des musulmans n’avait pourtant rien demandé à Emmanuel Macron, et surtout pas leurs enfants qui, tous les ans, attendent « religieusement » Noël et ses cadeaux… Non, Emmanuel Macron a pris les devants en se soumettant à la doxa gauchisante, islamophile et hyper minoritaire en France. À côté de cette bouderie infantile, le message de Bojo pour ce Noël 2019 — « l’horrible brexiter » — est décoiffant : « Folks, Noël est d’abord et avant tout la célébration de la naissance de Jésus Christ […] Je veux saluer ces chrétiens qui, dans le monde entier, font face aux persécutions : pour eux, Noël sera fêté en privé, en secret, ou peut-être même en prison […] Nous nous tiendrons partout aux côtés des chrétiens persécutés. Et nous défendrons votre droit à pratiquer votre foi. […] Essayez de ne pas trop vous disputer avec la belle-famille ! » Les progressistes macronistes et journalistiques ont fait : « Pfft… ce Bojo ! ».

Noël 2020 :… Allo ? « OSS 117 : Rio ne répond plus ». Comme dans le film, Manu ne communique plus. Il ne boude plus non plus : le covid l’a pris une semaine plus tôt. Comme Il nous l’indique dans une vidéo lugubre prise depuis la résidence de La Lanterne, Il avait pourtant tout bien fait : distanciation, aération des pièces, lavage des mains, masques FFP2, gestes barrières et tout et tout… mais « l’imprudence et probablement la faute à pas de chance » l’ont frappé par surprise. Comme pour tout son quinquennat d’ailleurs : la faute à « pas de chance » ! Malheureusement, on apprendra que la veille de sa mise en septaine, Il présidait un gueuleton avec sa douzaine d’apôtres, tous conseillers personnels ou membres de LREM; un dîner de travail, paraît-il… pour parler des élections et du référendum. Imagine-t-on Angela Merkel présidant en plein confinement un banquet avec ses apôtres de la CDU ?

En définitive, ce fut La Cène, le dernier dîner de Jésus Macron avant la crucifixion de la septaine ! À vrai dire, ce n’est franchement pas malin pour celui qui imposait deux semaines plus tôt un réveillon de Noël limité à six adultes (sans même parler des conseils de Jean Castex demandant à papy et mamy de manger la bûche seuls, dans la cuisine). Pour ce Noël 2020, Il confirmera son acte de soumission intellectuelle aux communautés non chrétiennes, avant même qu’on le lui demande, par un simple communiqué de l’Élysée qui d’une phrase passe-partout : « Le président de la République souhaite de joyeuses fêtes aux Françaises et aux Français dans cette période si particulière et sait pouvoir compter sur chacune et chacun pour tenir ensemble face au covid-19. » Le mot « Noël » n’est même pas prononcé… Pire que celui d’Hidalgo qui, le 24 décembre à 20 h 17, tweete le service minimum : « Joyeux réveillon de #Noël à toutes et tous. » Les deux sont décidément sans courage. On notera cependant que le Président est devenu pendant sa septaine, un « super micro-manager du virus », car Il n’oublie pas de reparler de ces gestes barrières tellement pratiqués par lui-même qu’il finit par en tomber malade… : « Le président de la République tient à quelques heures de Noël à rappeler l’importance des gestes barrières, de l’aération des pièces, du port du masque, du lavage régulier des mains et de la limitation du nombre de contacts quotidiens face à cette épidémie. » Quant à Bojo, après quatre ans d’attente, il sort un merveilleux cadeau de Noël : brandissant le document définitif du deal qu’il vient de signer avec l’Union européenne, il exulte ! Il y a de quoi : l’UE, en échange de quelques tonnes de poisson, a fini par tout accepter, ou presque, de Bojo… Ce qui a probablement gâché le réveillon d’Emmanuel Macron.

Noël 2021 : Emmanuel Macron a compris son erreur ; il tweet — non le 24 au soir ou le 25, mais le 23 décembre à 9h31 du matin et toujours sans aucun traditionnel « joyeux Noël » : « À ceux qui auront la joie de se retrouver en famille pour Noël : les gestes barrières, un test préventif pour rassurer, et en cas de symptôme, on s’isole, on alerte. À ceux mobilisés pour soigner, nous protéger : merci. Prenons soin les uns des autres. » L’épidémiologiste en chef a vaincu le président français par K.O.. Aucun journaliste ou personnalité politique ne s’offusquera ni de cette trahison à la magie de Noël ni de la disparition du message de joie que l’on porte à Noël. Tristesse du ton, pression moralisatrice et culpabilisation des Français ; et tout est dit de notre époque.

Ne plus souhaiter « Joyeux Noël » aux Français alors que tous les enfants de France, d’Europe et du monde fêtent Noël chaque 25 décembre… Une volonté d’abandonner tout bon sens français ? Une volonté de tout déconstruire, même Noël ? Ou simplement, une nouvelle soumission aux progressistes mondialisés ? Non : la peur d’une provocation a juste présidé une nouvelle fois aux vœux du Président Macron : serait-il un déconstruit qui s’ignore ? Plus prosaïquement, on a juste l’impression d’entrer dans un monde sans saveur et sans chaleur afin de ratisser aussi précisément que possible le corps électoral français…

N’oublions pas qu’en 2022, le râteau électoral macronien doit être large, car derrière chaque dent du râteau se cachent des électeurs possiblement macroniens, un jour. Et quoi qu’il en coûte à la culture française !

Yves Gautrey / Paru dans Front Populaire le 27 décembre 2021

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