La stratégie du chien …

La « stratégie du chien » : une méthode bien huilée.

En déclinant une simple technique de manipulation, estime notre lecteur, l’oligarchie de « l’extrême centre » nous manipule pour, au bout du compte, nous mène à l’immobilisme. Voyons comment…

Les petites réformes du quinquennat ne changeront qu’à la marge le cours de la vie des Français, mais elles viendront s’ajouter à la liste des nombreux — mais minuscules — scalps qui ne cesseront « d’emmerder la vie des Français » : des gages indispensables au progressisme « en marche immobile ».

Un exemple : le 27 novembre 2018, Emmanuel Macron déclare devant le Haut Conseil pour le Climat : « Je souhaite que partout sur le territoire la décision de concertation puisse être déclinée et que partout sur le territoire, et sur les réseaux sociaux, ce débat puisse se tenir, et que toutes les associations intéressées puissent, y compris localement, y participer, et qu’ainsi les représentants des Gilets jaunes dans chaque région puissent également y prendre part et proposer des solutions. »Dix jours plus tôt, il y eut le premier « acte » des Gilets jaunes. Sentant venir la menace, Emmanuel Macron tente alors de lancer une « grande concertation sociale ». Trois jours plus tard, le 30 exactement, la première réunion, celle avec le Premier ministre Édouard Philippe, tourne au gag : un seul représentant des Gilets jaunes sur les 8 prévus, se présente.

La « stratégie du chien » a commencé. Vous connaissez la suite : les manifestations, les batailles de rue, la « chienlit » contrôlée, les 18 milliards déversés pour éteindre l’incendie des ronds-points, sans compter les 2 ou 3 milliards € de dégâts ; puis ce fut le Grand Débat, le Conseil des Citoyens, la Convention Climat, les Conseils de défense de la transition écologique, l’annonce du référendum écolo, etc. Viendront les mesures préélectorales à 100 euros en 2020 et 2021 : la prime Macron, le chèque énergie, l’indemnité inflation, la surprime de Noël, la revalorisation des chèques cadeaux, l’allocation pour la diversité dans la fonction publique, la prime d’activité jeune, le RSA jeune, la garantie jeune, l’ARPE, l’aide au mérite, etc. Un ensemble de mesures destinées à calmer l’incendie qui couve toujours.

Mais, après toutes ces réunions, discussions et négociations, comment en est-on arrivé à ne faire que faire des réformettes ? Et comment expliquer que la popularité du candidat Macron — malgré de petites ambitions — soit toujours aux alentours de 25 % ? Voyons comment la « stratégie du chien » fut de facto appliquée — par manque de courage politique — à la quasi-totalité des sujets brûlants du quinquennat.

Acte I : « On sort le chien »

On vient d’identifier un problème devenu trop évident : la démocratie en berne par exemple. Alors, à grand renfort de trompettes médiatiques, on va « renifler » tous les acteurs concernés par le sujet du moment : on parle de réforme du nombre de parlementaires, du droit de pétition locale, d’un référendum d’initiative partagée, de vote à la proportionnelle, etc. Certains osent même évoquer les girondins versus les jacobins. Syndicats, associations, représentants institutionnels, élus, Hauts-Commissariats, comités Théodule et experts plus experts que d’autres se poussent du coude et du col. On s’agite, on consulte, on convoque. Bref, on va se concerter en invitant tous les micros…

Acte II : « On promène le chien »

Il faut démontrer à qui veut l’entendre qu’une réforme systémique s’annonce, celle qu’aucun gouvernement n’a jamais osé entreprendre : la réforme des retraites par exemple. On nous souligne que la négociation s’avère extrêmement compliquée pour ce gouvernement de progrès, si totalement « engagé dans une démarche forte, ambitieuse et sans états d’âme ». Débriefing, interviews, déclarations, éléments de langage ; les « médias de connivences » se délectent des sujets d’actualité servis sur de si jolis plateaux.

Acte III : « On excite le chien »

Faire pourrir la négociation quitte à provoquer les partenaires, l’opinion publique ou le camp adverse en distillant quelques punchlines pour faire le buzz. On vous avait prévenu : la réforme est capitale et donc incroyablement compliquée (la réforme des Finances publiques par exemple). Puis, on fait fuiter quelques fake news, histoire d’entretenir la confusion, voire de prendre le risque d’une énième manifestation de « gugusses d’extrême droite ». Agenda caché, claquements de portes, colères feintes, coups de menton des uns, coups de gueule des autres pour tester l’opinion… La vie des négociateurs en somme. Les médias s’en donnent à cœur joie tellement le tableau est beau.

Acte IV : « On essouffle le chien »

Afin de démontrer la sincérité du gouvernement, on fixera un nouveau cadre de discussion pour mieux entendre, écouter, échanger, sans jamais entrer dans les détails ni vraiment décider quoi que ce soit d’important : les réformes de l’immigration ou de la sécurité par exemple. La forêt ne se dévoile jamais à celui qui avance le nez collé aux arbres qu’il rencontre ; alors on évoquera des mesures exceptionnelles, des visas suspendus, du grain à moudre, un ou deux faux arguments « pivots », des avancées spectaculaires. Détermination, constance, opiniâtreté, réunionite, dialogue poussif pour finalement pas grand-chose. Les médias dramatisent la situation : si ça fait vendre des tonnes de papier, ce n’est pas trop écolo.

Acte V : « On lance la baballe au chien »

Lâcher un mot disrupteur — une macronitude — aux journalistes ravis du cadeau, comme on jette une baballe à un chien pour qu’il joue avec : « Kamasutra », « pas de culture française », « se tirer des flûtes », « captatio benevolentiae », « les fainéants », « la souveraineté européenne », « une gare et des gens qui ne sont rien », « les deux mâles blancs », « pognon de dingue », « nous sommes en guerre », et pourquoi pas le récent « j’ai envie d’emmerder les non-vaccinés » qui, par la sottise d’un homme, sont devenus des « non citoyens ». Le bon mot dissimule l’absence de réflexion et de courage : le débat s’électrise, car brutalement, tout le monde a oublié le fond de la question en se déchirant sur la forme. Mais — tout comme l’opposition qui tombe bien évidemment dans le piège — les médias ont un nouvel os à ronger.

Acte VI : « Le chien hurle à la mort »

Mais si rien ne change, il faut quand même que tout change… Alors, après un long suspens, on fera grand bruit de la réformette enfin décidée. Vote unanime de LREM à l’Assemblée nationale. Hurlement de l’opposition ; mais finalement, les partenaires sociaux commenteront leur demi-défaite par une petite moue mi-joyeuse mi-gênée : faut bien survivre, n’est-ce pas ? Par la suite, avec son exceptionnel bagout commercial, Emmanuel Macron fera le service après-vente habituel. Et puis, que voulez-vous : il est « tellement propre sur lui » comme on dit chez moi en Auvergne… Ce seront convenances, sourires, reéléments de langage, bien-pensance, etc. Les médias n’en peuvent plus tellement ils ont noyé le poisson !

Acte VII : « On rentre le chien »

Et enfin, arrivera l’acte ultime de la morgue politicienne à ne surtout pas rater afin de faire oublier rapidement les faiblesses de la réformette : le Gouvernement devra très vite passer à une autre réformette ; « il faut qu’ça saigne », chantait Boris Vian. Au préalable, les médias feront sonner les grandes trompettes de la gloire : le président dit ce qu’il fait et fait ce qu’il a promis ! Et en 2022, on dira, c’est-à-dire que personne ne dira vraiment, mais tout le monde dira qu’on dit qu’il a réformé, mais qu’il n’a pas eu de chance : les Gilets, jaunes, Benalla, ou le Covid… Les petits-bourgeois tranquillos — et de droite et de gauche — s’en convaincront, surtout s’ils sont retraités. Et tous les dupes, les godillots, les crédules, les radsoc, les compatibles aussi !

Et puis, la peur de la crise sanitaire — parfaitement entretenue par ces deux gouvernements tel un immense voile pudique jeté au-dessus des réformes enterrées — emportera toutes les questions. Quant aux Français des classes moyennes, ils ont pour la plupart des fins de mois compliquées à honorer ; alors forcément, ils payeront leurs impôts et taxes ; et comme ils sont les plus nombreux…

Mais au bout du compte, avez-vous remarqué la vitesse à laquelle nous oublions toutes les réformettes du quinquennat ? C’est parce qu’une réformette en chasse toujours une autre — et très vite — : c’est l’application stricte et méthodique de la « stratégie du chien » !

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